• L'immigration, creuset des nationalités

    L'immigration commence très tôt dans les bassins miniers français. Dans les décennies 1870, 1880, 1890 ce sont les belges qui arrivent les premiers dans le Nord de la France.

    Dans le Sud, ils sont italiens, le plus souvent piémontais. Mais c'est dans la décennie qui précède la première guerre mondiale que se dessine une véritable politique de recrutement. Les compagnies minières souhaitent profiter de la période de prospérité et du développement de l'industrie pour augmenter leur production. La modernisation n'étant pas encore à l'ordre du jour, c'est sur les hommes qu'il faut compter, et particulièrement sur la main d'œuvre étrangère.

    Au lendemain du premier conflit mondial, l'économie française est sévèrement touchée. Les polonais constituent le gros de la vague d'immigration. En 1929, les mineurs polonais composent, tous bassins confondus, 49 % de l'effectif du fond où le travail commence à se mécaniser. Dans le Nord, on les retrouve à Ostricourt, dans l'Est à Petite-Rosselle, dans le Gard à la Grand Combe, dans le Tarn à Cagnac et Carmaux, dans l'Aveyron à Cransac et Decazeville. 
    Italiens, hongrois, autrichiens, tchèques, roumains et yougoslaves sont également recrutés. C'est surtout dans les mines du Sud-Est et du Midi de la France que travaillent les italiens. Immigrants traditionnels, les italiens succèdent aux polonais dans l'entre-deux guerres et arrivent par vagues successives plus ou moins organisées. La proportion de travailleurs immigrés est supérieure à celle des français.

    Mais ces mineurs étrangers constituent une population peu stable que les houillères doivent s'employer à fixer. De 1946 à 1958, au lendemain de la seconde guerre mondiale, les houillères françaises connaissent une phase de croissance sans précédent dans tous les domaines : essor de la production, installations nouvelles, modernisation. Les mines doivent à nouveau faire appel à la main d'œuvre étrangère pour remporter la bataille du charbon. Des bataillons d'italiens et d'espagnols sont recrutés. 
    Le gouvernement se tourne aussi vers les pays du Maghreb, l'Algérie et le Maroc. Soucieux de fixer ces travailleurs étrangers, les houillères nationalisées disposent d'un atout de poids : le Statut du Mineur, complété par un régime de sécurité sociale particulier, hérité des anciennes « caisses de secours ». Le Statut du Mineur leur offre des conditions avantageuses. Il garantit notamment un bon salaire, une retraite plus intéressante que la plupart des industries, des congés payés supplémentaires, la gratuité du chauffage et du transport, l'octroi d'un logement à tout agent ou le versement d'une indemnité compensatrice.

    Dans le même temps, des efforts de réhabilitation des logements endommagés par la seconde guerre mondiale sont entrepris. De nouvelles cités s'édifient. Avec les années 60, les derniers bataillons de manœuvres immigrés, des marocains, arrivent en France sur fond de récession. 
    En 1975, ce sont 5 000 ouvriers marocains qui travaillent dans les mines françaises. 
    A l'époque, le charbon, condamné à terme, ne doit son embellie qu'à la crise pétrolière. Des puits ont déjà fermé, les anciens mineurs ont tenté une reconversion, les jeunes quittent le métier. L'embauche est difficile. Les mineurs marocains viennent du Sud du Maroc. Ils ont un contrat de dix huit mois, renouvelable. La plupart finira par intégrer des cités minières.

    Ainsi aux cycles économiques, à l'évolution industrielle et aux nouvelles technologies correspondent des vagues d'immigration bien distinctes où les hommes et les femmes venus de tous les horizons ont appris à travailler et à vivre ensemble.

     

    (Source Charbonnages de France)


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